Mayotte, entre expulsions massives et destructions de logements, l’inquiétante opération « Wuambushu »

Entre expulsions massives d’étrangers en situation irrégulière, et destruction de bidonvilles, l’opération « Wuambushu » (« reprise » en Mahorais), qui inquiète déjà fortement les défenseurs des droits de l’Homme, était sur le point d’être déclenchée à Mayotte, par le gouvernement.
Le tribunal judiciaire de Mamoudzou, à Mayotte, a suspendu jusqu’à nouvel ordre l’opération de destruction du bidonville Talus 2 du quartier de Majicavo, dans la commune de Koungou, prévue mardi matin.
Cette opération avait été révélée fin février par Le Canard enchaîné, et n’avait jusqu’à présent pas été officialisée par le gouvernement. Toutefois, depuis jeudi 20 avril dernier, cette opération secrète ne l’est plus, puisqu’elle a été confirmée par Gérald Darmanin dans une interview au Figaro, et approuvée par Emmanuel Macron en conseil de défense.
Le ton est donné par le gouvernement, lutter contre l’immigration illégale à Mayotte, au moyen d’une mobilisation massive de personnels (plus de 2 500 personnes dépêchées, forces de l’ordre, magistrats, greffiers…), dans le cadre d’une opération « au long cours ». L’objectif est clair, il s’agit d’expulser les immigrés clandestins, originaires principalement de l’archipel des Comores, et installés dans des quartiers particulièrement précaires et insalubres, nommés « bangas ». C’est ainsi que le ministre de l’intérieur a déclaré souhaiter la destruction de 1000 logements dans les deux mois à venir.
Mayotte, 101e département français, compte des milliers de migrants arrivant chaque année en kwassa-kwassa, des embarcations de fortune, depuis les Comores, ou encore Madagascar. Ces derniers sont logés dans des bidonvilles dont l’insalubrité n’est plus à rappeler, et sont en proie à la violence et aux divers trafics.
Accusés par la population de Mayotte, ainsi que par les élus de nourrir un taux de délinquance « hors normes », les migrants font l’objet de cette opération déjà fortement contestée tant par la France qu’à l’international. Plusieurs associations de défense des droits de l’Homme se sont en effet déjà grandement indignées d’une telle opération qui constitue une entorse criante aux droits fondamentaux.
Flor Tercero, responsables des Avocats pour la défense des droits des étrangers, indique à ce propos qu’« On ne peut pas respecter les droits des personnes en les considérant comme une masse informe ». Il est en effet primordial de souligner la dangerosité d’une opération d’une telle teneur, et d’une telle ampleur, pour le respect de la dignité humaine, principe matriciel et cardinal de tout droit de l’Homme.
Cette opération montre bien la détermination du Ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer et ne laisse rien présager de bon sur la réforme qui sera présentée avant fin juin aux parlementaires. La proposition d’une convention citoyenne soutenue par Olivier Véran porte-parole du gouvernement n’a pas fait long feu.