Le partenariat entre des collectifs d’accueil de demandeurs d’asile et l’ADA
Depuis 5 ans, l’ADA oriente vers des collectifs citoyens d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile non logés dans le Dispositif National d’Accueil (DNA).
Contexte d’émergence des collectifs
En 2015, au moment où de nombreux Syriens ont fui la guerre dans leur pays, des habitants de villes et villages isérois se sont regroupés et ont proposé d’accueillir ces réfugiés. De tels collectifs citoyens ont contacté l’ADA et ainsi s’est créé un partenariat qui continue encore aujourd’hui à bien fonctionner.
Les demandeurs d’asile que nous recevons à l’ADA ne sont pas – et n’ont jamais été – en majorité d’origine syrienne. Mais les collectifs, accompagnés par l’ADA et après une réflexion parfois de longue durée sur leur projet, ont bien volontiers accepté d’accueillir des personnes venant d’autres pays que la Syrie. L’idée qui a prévalu est quedes demandeurs d’asile se retrouvaient à la rue et qu’il fallait les héberger, quelle que soit leur origine. Les raisons invoquées sont multiples, de la simple humanité vis-à-vis des personnes à des considérations politiques sur la demande d’asile, insuffisamment et mal appliquée en France.
Fonctionnement des collectifs
Certains collectifs se sont constitués par la suite en association ce qui leur permet d’avoir plus facilement des relations notamment avec les mairies des communes concernées et d’obtenir des subventions, communales ou autres.
L’hébergement se pratique selon deux modalités :
- En accueil glissant dans des familles d’accueil pendant des durées allant généralement de 2 semaines à 1 mois dans chaque famille. Ce type d’hébergement est réservé à une personne seule. Le modèle d’accueil proposé par le réseau JRS-Welcome a ici servi d’exemple.
- En logement fixe géré par le collectif et obtenu soit par prêt d’un particulier ou d’une municipalité ou d’une paroisse, soit en louant un appartement après un appel à dons. Une famille peut alors y être hébergée, ou plusieurs personnes seules sous réserve que de bonnes conditions de cohabitation soient réunies.
Le nombre de demandeurs d’asile (hommes, femmes, enfants) hébergé dans les collectifs est de 35 à 40 personnes. C’est l’équivalent d’un Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile (CADA) de petite taille.
Actions de l’ADA
- Des bénévoles reçoivent les demandeurs d’asile sans hébergement dans le Dispositif d’Accueil National (DNA) et échangent avec eux sur leur situation administrative (procédure, obtention ou non des conditions matérielles d’accueil) et quotidienne (les personnes sont-elles isolées, ont-elles déjà des contacts à Grenoble, quelles langues parlent-elles, savent-elles lire et écrire, etc…). Les personnes sont informées des conditions d’accueil dans un hébergement en dehors de Grenoble et des impacts d’un éventuel éloignement. Lorsqu’un collectif informe l’ADA de l’existence d’une place disponible, l’ADA se charge de la mise en relation du demandeur d’asile avec le collectif.
- Les bénévoles en charge de l’hébergement à l’ADA restent en contact avec les collectifs. Ces bénévoles répondent aux interrogations des collectifs, participent aux réunions auxquels ils sont conviés, lorsqu’ils en ont la possibilité. Avant la crise sanitaire, des réunions des collectifs ont été régulièrement organisées par l’ADA pour que ceux-ci puissent échanger entre eux. Nous reprendrons ces rencontres rapidement.
- Au cours des années, les collectifs ont évolué et les bénévoles de l’ADA ont su s’adapter à ces changements. Les relations se font par téléphone ou mail et sont fréquentes et cordiales. Dans la mesure de ses moyens, l’ADA rencontre les collectifs lors de réunions.
Les collectifs
Depuis 2015, l’ADA a participé à l’accueil dans 16 collectifs, accueils de demandeurs d’asile ainsi que de quelques réfugiés n’ayant pas bénéficié d’un hébergement dans le DNA et en attente d’une solution pérenne de type Foyer de Jeunes Travailleurs.Parmi ces collectifs, 12 continuent à héberger des personnes en 2022.
Ces collectifs sont :
- Accueillir Ensemble en Chartreuse
- Accueil Migrants Grésivaudan
- Belledonne Solidaire (autour de Saint-Martin-d’Uriage)
- Collectif d’Accueil des Réfugiés en Matheysine
- Collectif d’Accueil des Réfugiés dans le Trièves
- Herbeys Accueil Solidaire
- Les Vertaccueillants (sur le plateau du Vercors)
- Pour un Temps (à Tullins)
- Studios Réfugiés Bienvenue (dans l’agglomération grenobloise)
- Un Toit au Balcon (à Revel)
- Un Toit en Belledonne (à Theys et autour)
- Un Toit sur un Plateau (sur le plateau des Petites Roches)
Certains collectifs accueillent également des migrants par l’intermédiaire d’autres associations que l’ADA.
Quatre collectifs ont cessé leurs activités après plusieurs années d’accueil. Lorsque l’hébergement se faisait sous forme d’accueil glissant, le nombre de familles impliquées s’est trouvé à un moment donné trop faible pour pérenniser l’activité. Dans d’autres cas, un appartement avait été prêté par des particuliers. Ceux-ci ayant récupéré leurs logements, le collectif a dû cesser l’accueil.
Quelques personnes, généralement liées à l’ADA, ont également accueilli des demandeurs d’asile à leur domicile. L’ADA ne favorise pas ce type d’accueil car il nous semble préférable que les accueillants se rattachent à un collectif. Il peut, en effet, être parfois difficile d’héberger un demandeur d’asile pendant plusieurs mois, sans possibilité de relais, quels que soient les efforts de bonne volonté de part et d’autre. Lorsque des personnes nous proposent d’héberger quelqu’un, nous les orientons si possible vers un collectif déjà existant.
Les collectifs sont généralement entrés en relation avec les Mairies des communes concernées par les hébergements qu’ils organisent, avec des succès divers. Certains élus n’ont pas souhaité d’interaction avec le collectif qui les a interpellés, d’autres se sont montrés favorables au type d’accueil proposé et ont offert des subventions et/ou des logements. Dans tous les cas, l’action des collectifs s’est enracinée dans les territoires ruraux et a dépassé l’action des personnes qui participent directement à l’accueil. D’autres habitants de ces territoires s’impliquent autrement : cours ou conversation en français ; propositions pour associer les demandeurs d’asile à du jardinage, du bricolage, diverses activités ; week-ends ou balades en montagne ; dons en espèces ou en nature (vêtements, mobilier pour un appartement) ; aller-retour à Grenoble en voiture, etc…
Ensemble, les collectifs ont accueilli 246 hommes, femmes et enfants demandeurs d’asile
de 2015 à 2021 pour un total de 60 732 nuitées.
La durée des accueils varie beaucoup, de quelques jours à plus de 2 ans,
en fonction de la situation des demandeurs d’asile.