Réfugiés 2 poids 2 mesures
L’arrivée en nombre important de réfugiés en provenance de l’Ukraine, dès le début de la guerre menée par la Russie, à partir du 24 février dernier, a provoqué un vaste mouvement de solidarité en France comme dans l’ensemble des pays européens mais qui ne se manifeste pas de façon identique pour toutes les personnes venant d’Ukraine.
Ce mouvement de solidarité intervient 7 ans après un autre mouvement de solidarité qui s’était produit lors de ce qu’on a appelé la « crise migratoire » de 2015 avec l’arrivée de nombreux Syriens.
Dans ces deux cas cette mobilisation est la conséquence d’une très grande émotion suscitée par la violence de la situation et par les images diffusées à l’origine de la forte mobilisation des citoyens.
Rappelons que la crise de 2015 a été, dans la région grenobloise, à l’origine de la création de nombreux collectifs citoyens proposant des hébergements pour des réfugiés. Ces collectifs sont toujours vivants et poursuivent leur action en direction de migrants de toutes nationalités. Il nous parait nécessaire de noter que les collectivités locales avaient alors pris des initiatives bien venues comme la recherche et la mise à disposition des collectifs ou associations de logements pour les réfugiés.
L’arrivée des Ukrainiens provoque une mobilisation beaucoup plus importante de la population, qui a en grand nombre proposé des hébergements, a apporté une aide financière et matérielle de grande ampleur. Il faut se féliciter également de l’action des pouvoirs publics qui, au niveau européen, ont mis en application la directive « protection temporaire » permettant de sécuriser le séjour des migrants. Les collectivités locales se sont aussi massivement mobilisées pour proposer des logements, scolariser les enfants et mettre en place des dispositifs d’accompagnement.
L’ADA et nombre d’autres associations regrettent que les pays européens n’aient pas actionné cette clause lors de l’arrivée des Syriens et des Afghans qui vivaient des situations aussi dramatiques que celle des Ukrainiens aujourd’hui.
Ceci montre à nouveau que lorsque l’Etat reconnait des besoins, des moyens sont rapidement mobilisables. « Quand on veut, on peut ! ».
Néanmoins un certain nombre de questions se posent :
- Le caractère massif de la mobilisation citoyenne repose, évidemment, sur la proximité ressentie avec les Ukrainiens, blancs, européens et chrétiens. Il s’agit d’une réaction que l’on pouvait attendre.
- La puissance publique semble elle aussi avoir réagi de façon émotionnelle, en direction des Ukrainiens et on ne peut que regretter que pendant cette période les discours et projets concernant le durcissement des politiques migratoires, voire des politiques de l’asile se soit poursuivi.
Pour quelles raisons électorales et doctrinales, l’Etat n’a-t ’il pas cru bon de tenir un discours d’ouverture et d’humanité en direction des migrants, quelle que soit leur origine, alors qu’il prétend avoir une mission universaliste ?
Cette période est évidemment un moment privilégié pour que chacun d’entre nous s’interroge sur sa relation à l’autre quelle que soit son origine, sa couleur de peau ou ses croyances.
L’ADA regrette profondément que les étudiants venant d’Ukraine, africains pour beaucoup, n’aient pas reçu un accueil à la hauteur des difficultés qu’ils ont subies et doivent, pour espérer obtenir un droit de séjour en France, se rendre d’abord dans leur pays d’origine pour demander qu’on leur accorde un visa.
Pourquoi la prise de conscience des immenses difficultés rencontrées par les ukrainiens dans leur parcours et la volonté de leur apporter une aide légitime, ne se traduit pas par des avancées significatives dans l’accueil et l’aide aux migrants arrivant dans notre pays, en provenance de régions où leur existence est menacée ?
L’ADA réitère ses demandes exprimées dans son communiqué du 24/03/2022.
Voir le communiqué