Communiqué Médecins du Monde et Solident
Grenoble, le lundi 16 mars 2020.
Communiqué de Médecins du Monde et Solident face aux risques sanitaires et au confinement des personnes dépourvues de logement personnel et présentes sur le territoire de l’agglomération grenobloise, dans le contexte national de lutte contre l’épidémie de coronavirus COVID – 19.
Situation particulière des 22 jeunes majeurs occupant l’aumônerie des Violettes, à Grenoble.
Ce samedi 14 mars 2020 la France est passée au stade 3 de l’épidémie de coronavirus COVID-19. Nos associations accompagnant quotidiennement des personnes en situation de grande précarité dans l’accès aux droits, à la prévention et aux soins, nous mesurons parfaitement l’ampleur et la gravité de la situation.
Nous prenons très au sérieux notre double engagement. Le premier est la protection de nos usagers, de nos bénévoles, de nos salariés, tout en maintenant autant que possible, nos activités de veille sanitaire. Le deuxième engagement est de participer à l’effort collectif de lutte contre l’épidémie.
La majorité des personnes que nous prenons en charge est dépourvue de logement ou d’hébergement quand d’autres vivent dans des habitats informels. Nous avons bien pris note des engagements du Président de la République de prolonger la trêve hivernale et protéger en premier lieu les populations fragiles.
Si cette mesure est salutaire, elle n’est, à notre sens, pas suffisante pour empêcher réellement la propagation du virus et permettre aux personnes d’être confinées dignement comme l’impose la situation.
Nous demandons à l’Etat, et à ses services en région, de tout mettre en œuvre pour organiser la mise à l’abri de ces publics, dans le respect des normes sanitaires et sociales qui en découlent.
Nous souhaitons attirer votre attention sur la situation particulière des jeunes majeurs qui occupent aujourd’hui l’aumônerie des Violettes à Grenoble. Ces jeunes hommes se sont vu mettre à disposition par le diocèse un logement temporaire d’urgence. Si le logement était déjà
insalubre (moisissure, pourrisse au sol), il devient désormais factuellement dangereux face à la propagation de l’épidémie. En effet, 22 jeunes ont dormi hier dans la promiscuité la plus totale, sans accès à des produits d’hygiène, sans accès aux douches, sans approvisionnement en équipement de protection de type masques chirurgicaux ou de gel hydroalcoolique.
Leur situation est extrêmement préoccupante ; d’autant que les accueils de jours de l’agglomération annoncent progressivement leur fermeture totale ou partielle à durée indéterminée.
Les 22 jeunes et leurs soutiens ont commencé ce matin à solliciter les institutions afin qu’une solution d’urgence leur soit proposée.
Les maintenir une nuit de plus dans un tel endroit irait à l’encontre des
recommandations médicales et gouvernementales et favoriserait des décompensations d’ordre psychologique ; compte tenu du climat particulièrement anxiogène actuel.
Cette crise sanitaire est l’affaire de tous, si nous tenons à assumer notre rôle associatif, le relogement dans un cadre digne et adapté à l’urgence n’est pas l’affaire des bonnes volontés associatives, caritatives ou individuelles mais est de la responsabilité de l’Etat et des collectivités.
Nos associations restent évidemment à disposition des institutions pour organiser toute démarche de concertation visant à trouver une solution rapide et adaptée.
Contacts :
Médecins du Monde
Angélique Giannini, coordinatrice programme 06.16.24.66.18
Solident
Boris Roche, médiateur sanitaire 06.95.78.58.39